samedi 13 décembre 2014

 

 

« Des Jeunes Gens Mödernes »: interview de Jean-François Sanz




Le 3 juillet, le MK2 Quai de Seine offre une carte Blanche à Etienne Daho. Pour l’occasion, le chanteur a choisi de projeter en avant-première le documentaire « Des Jeunes Gens Mödernes ». On a rencontré son réalisateur, Jean-François Sanz, commissaire en 2008 de l’exposition  « DES JEUNES GENS MÖDERNES ». Post punk, cold wave et culture novö en France 1978 – 1983 ». Spécialiste du sujet, il nous a prouvé qu’il connaissait ses classiques sur le bout des synthés. 
PROPOS RECUEILLIS PAR MARION PACOUIL

Vous aviez 5 ans en 1978, comment s’est faite votre rencontre avec la scène post punk ?
Dans les années 80, j’avais une dizaine d’année et ma grande sœur écoutait tous ces sons de l’époque. J’avais un rapport pré-ado à cette musique et je l’ai redecouverte plus tard, adulte, en collectionnant les vinyles de Marquis de Sade, Taxi Girl, Artefact, Elli et Jacno et de pas mal d’autres groupes un peu plus obscurs. J’ai pensé qu’il y avait vraiment quelque chose à faire : rendre hommage à cette scène là. Parce que jusqu’à présent on en avait essentiellement retenu des clichés un peu ringards…

Votre documentaire « Des Jeunes Gens Mödernes » est réalisé dans un esprit très punk, qui hybride entretiens et images d’archives – dont certaines inédites. A l’arrivée vous aviez près de 60 heures d’enregistrement d’entretiens et 120 heures d’archives. Comment s’est déroulé le projet ?
Le gros de la matière du documentaire a été rassemblé quand je préparais l’exposition pour la galerie du jour agnès b., en 2008. Je faisais des entretiens avec les acteurs principaux de la période post punk. A cette époque, un producteur de Love Streams agnès b. Productions m’a dit « tiens, est ce que ça t’intéresse que je te mette un cadreur, pour qu’on documente tout ça ». Entre temps, un autre film a été fait, qui porte le même titre (Des Jeunes gens modernes de Jérôme de Missolz, NDLR ). J’y ai été associé, mais pas au niveau de la réalisation. Je trouve que ce film a abouti à un espèce de hors sujet, à une impasse cinématographique, je ne me retrouvais plus du tout dans le résultat. On a donc décidé de réactiver le projet d’origine et on s’est remis au travail avec Farid Lozès, co-auteur et monteur du film. Gilles le Guen a été très important aussi. C’est un gros passionné de New Wave et un soir de beuverie on s’est remis à parler de cette histoire de « jeunes gens modernes ». Le projet est né de cette discussion là. C’est finalement un film qu’on a écrit sur le banc de montage avec la matière brute des interviews et des archives. C’est un peu de la dentelle.

Si vous deviez qualifier en trois mots ceux qu’on appelait à la fin des années 1970, « Les jeunes gens modernes » ?
C’est difficile parce que la scène de cette époque est éclatée, ce sont des groupes qui n’ont pas grand chose en commun du point de vue musical. Mais il y a eu un fremissement à ce moment sur la scène française, qui a été possible grâce au punk, un peu plus tôt, qui a « déblayé le terrain », comme le dit Etienne Daho dans le film. Après, je trouve qu’il y a quelque chose de l’ordre de l’élégance, de la nonchalance propre à ces groupes, ils n’avaient pas de plan de carrière et même si l’article d’Actuel de 1980, « Les jeunes gens modernes aiment leur maman » les présentent comme des yuppies, je ne pense pas que c’était le cas. Il y a des gens qui ont fait des carrières magnifiques. Etienne Daho par exemple, qui était à la fois la queue de la comète et le petit frère de tous ces gens là. Je trouvais que c’était bien de remettre cette scène en avant, notamment pour les jeunes générations.

Justement, depuis quelques temps, on voit fleurir beaucoup de groupes qui se revendiquent d’un héritage post punk ou cold wave: Position parallèle, Lescop, Tristesse Contemporaine, etc…
Tout à fait. C’était déjà un petit le peu cas lors de l’exposition et ça s’est affirmé entre temps. D’ailleurs le terme «Jeunes gens modernes » est revenu pas mal de fois dans les médias. L’exposition a été le catalyseur de cette scène là. Lorsque je faisais les entretiens préparatoires, j’avais demandé à Etienne Daho s’il voyait un équivalent de cette scène là actuellement. Il n’en voyait pas, moi si. Et aujourd’hui, il fait un truc qui s’appelle « Tombés pour la France » ! Un concert où il invite Lescop, La Femme, Poni Hoax, etc., tous ces groupes qui revendiquent ses références et la filiation avec la scène post-punk.

Source : MK2 trois couleurs - interview de Jean-François Sanz

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